Bania est le term hindi pour désigner la caste des marchands. Par-delà la profession et l’organisation sociale hindoue, être bania s’apparente à un véritable rôle que jouent, avec un talent égal, les marchands chrétiens, mulsumans ou jaïns. Cela exige en premier lieu une modestie d’apparence dans la mise et le cadre du négoce. Faire étalagé d’argent est tabou et de mauvais goût. Cela réclame de la mesure dans l’activité : paraitre affairé est laissé aux hommes d’affaires. Un babia compte le temps et en use sans compter. Cela nécessite de la discrétion sur les transactions, les fournisseurs et les clients. Cela implique enfin le don de persuasion, menée avec douceur, sans jamais élever la voix, et toujours avec le sourire, sur le terrain du marchandage.
Les bazars sont les anthologies d’un niveau de vie chiche et d’une économie qui a longtemps connu la pénurie. Faute de réfrigérateurs, les ménagères font leurs courses au jour le jour pour renouveler les menus quotidiens. L’abondance est l’effet du nombre des marchands, mais tout est vendu en petites quantités. Les chapelets de sachets doses du supari, un mélange aromatique à mastiquer, ont inspiré les industriels de la parfumerie pour conditionner de la même manière lessives et shampooings, et les vendre à l’unité. Nerf de cette économie de vigilance, le recyclage revisite la matière première à l’infini de ses possibilités.
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